dimanche 28 août 2016

Wahiba Khiari : Nos Silences

Photo Mediapart


Algérie, une douleur étymologique est inscrite dans ton génotype, ton nom en porte la trace comme une fatalité. Devrais-je t’écrire toujours et encore pour me rapprocher de toi, peut-être me faire pardonner de t’avoir un jour quittée ?

Wahiba Khiari, Nos Silences



Voici un livre qui remue avec sensibilité et rage sourde, le couteau dans la plaie de la décennie noire en Algérie.

Les histoires d’horreur de cette époque sortent peu à peu que ce soit à travers des témoignages, des récits ou des romans comme ce premier ouvrage de Wahiba Khiari Nos silences publié aux éditions elyzad, à Tunis, en 2009.

Wahiba Khiari a quitté l’Algérie à la fin des années 1990, pour travailler à Tunis avant de poser ses valises à Montréal. Mais elle revient sur les lieux de la tragédie pour nous montrer le visage hideux de cette guerre sans nom qui s’attaque surtout aux plus faibles et aux plus vulnérables, les femmes.

Couverture
Dans une sorte de dialogue intérieur où deux personnes se parlent et se confient, la première une rescapée ayant choisi de fuir le pays et la guerre, et la deuxième, la victime, condamnée à vivre parmi tous les loups, tous les bourreaux, ceux qui tuent et ceux qui se taisent. Toutes deux ont vécu l’ignominie dans leurs cœurs et leurs esprits, mais la dernière dans sa chair aussi.

Les deux protagonistes et narratrices nous renvoient dans les années de la violence et de la barbarie pour nous « rendre le rouge du sang » et « le noir de la nuit », évoquant le destin tragique de toutes ces filles, femmes avant l’heure, celles qui ont survécu au cauchemar et celles qui ont trépassées dans un tintamarre de silence des hommes.

Nos Silences est un roman écrit avec poésie, empreint de douceur et d’amertume, sobre mais efficace, il nous replonge au cœur de la disgrâce de l’humanité. 

C’est un très bon témoignage sur la tragédie des femmes dans cette terrible guerre civile; un témoignage qui dénonce toutes les complicités et les compromissions de l'HOMME. 

À lire et à faire lire.

S.  EKB

Pour aller plus loin :
Wahiba Khiari, ou l’assourdissant silence de la guerre, Leïla Slimani, Jeune Afrique, 2014. 
Nos silences de Wahiba Khiari, Mediapart, Fadéla Hebbadj, 2015

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