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dimanche 25 septembre 2022

Nouveau roman de Karim Akouche : La musique déréglée du monde

 


Avec ce quatrième roman (544 pages), paru dans la collection Alinéa, des éditions Druide, Karim Akouche invente un langage et se libère élégamment des contraintes du récit classique : porté par la voix épicée et attendrissante de son jeune narrateur, il entrecroise différentes époques et géographies. La musique déréglée du monde est une épopée universelle à la fois tragique et baroque. L’auteur y explore un territoire blessé, où l’amour et la guerre s’affrontent et forgent les destins de personnages inoubliables.


Le Résumé de l’éditeur : 

Sol est né dans la faille de l’Histoire. Ses parents ont été assassinés dès sa naissance. Sauvé par un vieux révolutionnaire, il vit avec lui dans le maquis. Pour l’aider à supporter les horreurs de la guerre, son grand-père adoptif l’initie à l’écriture de la poésie, lui récite des histoires fascinantes et lui promet de l’emmener un jour dans le pays imaginaire de l’ours blanc et du kangourou. Lorsque son protecteur est emprisonné, Sol se réfugie dans une ferme où, avec d’autres saltimbanques, il crée la troupe des Artistes Affamés pour défier les balles et le chaos.


Karim Akouche, La musique déréglée du monde, éditions Druide, 2022


vendredi 1 juin 2018

Karim Akouche reçoit le grand prix « Lys Arts et Culture »

Karim Akouche
Karim Akouche, poète, écrivain et éditeur a reçu le grand prix « Lys Arts et Culture » décerné par l’agence de presse Médiamosaïque. Ce prix lui a été remis lundi 28 mai à Montréal, au Théâtre St-James. 

Le jury a été notamment séduit par son roman La Religion de ma mère et ses apports aux arts et à la culture du Québec.

Il dédie cette récompense au blogueur kabyle Merzouk Touati, condamné à 10 ans de prison en Algérie.

Karim Akouche aime à rappeler que l'écrivain est un agitateur des mots et gardien de la libre pensée. « Rien ni personne ne peut le faire taire. Il a le droit de secouer les endormis, de heurter les belles âmes, de choquer les bonnes consciences » souligne-t-il.

Et d’ajouter : « Écrire, c'est interroger son cœur qui bat. Écrire, c'est se murmurer des mélodies fragiles. Écrire, c'est dessiner les fantômes qui hantent l'enfant que l'on n'a jamais cessé d'être. Écrire, c'est planter un scalpel dans sa chair pour en sentir la douleur. Écrire, c'est coudre ses blessures avec la pointe de son stylo. Écrire, c'est saisir les failles de l'histoire qui triche. Écrire, c'est noyer le mensonge dans le fleuve absurde de la vie. Écrire, c'est insuffler de la chaleur dans le cœur glacé des hommes.
Écrire, c'est répandre la lumière sur les yeux aveugles du monde. »

lundi 26 juin 2017

Karim Akouche : La religion de ma mère

Page de couverture
Dans ce roman étourdissant, la partition est accompagnée d’une musique rythmée et tournoyante comme au son des tambourins.Les sens en éveil, on entend alors chanter les mots. Et on n’écoute d’autre prédicateur que le temps, la mémoire et la terre.

La religion de ma mère est une composition littéraire tumultueuse.Cela évoque le bouillonnement d’une source, ou encore un torrent impétueux et rapide.Karim Akouche a un style d’écriture clair, pur, avec des mots simples et concrets.

Un style rythmé, incisif.Les phrases (et même les chapitres) sont courtes et concises.Quant à la prose de l’auteur, elle est vigoureuse, souple, mesurée, impulsée par une rythmique proche de la poésie.Cette richesse reflète la sensibilité particulière de l’écrivain à l’égard du langage.C’est surtout sa manière d’exprimer sa pensée, des émotions, des images, des idées...L’art étant le Je, Karim Akouche a le don de libérer sa créativité : il laisse libre cours à son tempérament personnel et s’exprime avec sa propre voix. Dans La religion de ma mère, il fait naturellement jaillir les pluies de printemps (les mots) et il fait parler la voix du cœur.

Le roman est très agréable à lire.Esthétiquement, il est même une réussite, tant l’auteur sait construire un langage dans le langage, humaniser son texte et écrire très lisible.Karim Akouche confirme qu’il ne manque pas de punch.
Et pour mieux dire les mystères de la vie et faire réfléchir sur l’énigme de l’homme et du monde, quoi de mieux qu’une œuvre romanesque percutante ?De l’amour, de la tendresse, de la violence, de la folie... Le tout subtilement canalisé.Il y a notamment le recours (retour) à l’enfance, ce qui permet à la mémoire d’affluer, de restituer des visages, des lieux, des odeurs... «L’enfance est un conte qui ne dure pas.La nuit, on le lit.Le jour, il se dissipe.Au crépuscule, il devient cendre et poussière», fait remarquer le narrateur.Le personnage central du récit a cet autre aphorisme : «La mort est un bateau ivre que tout le monde prendra.» Le lecteur a tout de suite une mine de chat devant un bol de lait.Son imagination s’emballe : et qui sont les passagers les plus importants du voyage, au cours de cette immersion houleuse dans une mer mémorielle ?Le lecteur commence à laper avec le sérieux de l’enfant qui joue. «Au pays de ma mère, tous les jours on est poète», rappelle le narrateur.Promesse que le roman sera un grand poème : «Maintenant que ma mère s’est tue, je fais le serment de graver sur sa tombe le plus beau de ses poèmes.» Bel hommage à celle qui disait des poèmes sans n’avoir jamais mis les pieds à l’école. Et toujours ces phrases courtes, actives : «Ma mère était une montagnarde.Elle façonnait l’argile.Elle en faisait des poteries.Je n’ai pas peur pour elle.Elle ne souffrira pas dans sa tombe.Elle est retournée à la terre qu’elle aimait tant.»

Karim Akouche cherche des émotions.Il est à l’écoute de ses sentiments, de ses inclinations altruistes.Mais il est aussi de tempérament artiste.Créateur d’images sonores, il aime par-dessus tout jouer avec le sens des mots.Il a le don de zigzaguer mentalement d’un domaine à un autre, de jongler avec la polysémie «subversive», les formules imagées et les figures de rhétorique innocentes mine de rien (analogies, métaphores, tropes...). Tout cela contribue à colorer et à «électriser» le texte, à mettre l’imagination du lecteur sur orbite. Exemple : «Les puits de pétrole fument dans le désert.Ils veillent sur la paix sociale.L’élite est éblouie par l’argent.Les commis de l’État sont dévorés par l’ambition.La jeunesse est bipolaire.Elle veut le voile et la nudité.Elle veut la cage et la liberté.Parfois elle est kebab, parfois elle est fast-food.Tantôt elle est Europe, tantôt elle est Orient.Roule, frangin ! Écrase la pédale !» La vie moderne, à l’algérienne.

Le lecteur a un peu le tournis.Il s’accroche.Il finit par s’accorder au rythme des mots.Ses sens sont éveillés, stimulés par le ton et la petite musique qui font un bon livre.La quatrième page de couverture donne déjà une vue d’ensemble qui fait ressortir le sens profond, la philosophie du roman. Voici ce résumé : «Exilé à Montréal, Mirak apprend la mort de sa mère qu’il n’a pas revue depuis longtemps et rentre en Algérie pour l’enterrement.Il traverse une dépossession au fur et à mesure qu’il croise les lieux et les visages de son enfance dans un pays méconnaissable où règnent l’absurde et le chaos.À travers la quête désespérée d’un passé révolu et la découverte d’un présent violent, le narrateur brosse l’émouvant portrait de sa mère et le confronte à l’égarement de son peuple.Alternant monologue et récit, Mirak interroge l’identité d’une nation fragmentée qui peine à se remettre d’une longue crise politique.La religion de ma mère est le roman de la désintégration de l’être humain.Après la disparition de sa mère, Mirak se décompose, son père devient fou, son frère se transforme en djihadiste... On se croirait dans un asile d’aliénés à ciel ouvert. Ce roman exprime on ne peut mieux la folie et la confusion de notre époque.»

Une allégorie de l’Algérie contemporaine.«Les mots s’enfuient comme des balles perdues.Ils s’éteignent dans le brouillard de ma tête», soliloquait le narrateur.Mirak (Karim ?) semble égaré, perdu dans le froid et la brume élégiaque de l’Occident.L’exilé est de retour dans son pays, mais personne ne le reconnaît plus... «Je suis incertain.Je flotte.Je viens d’un peuple mystérieux.Il refuse de mourir.Il vivote comme les oiseaux de passage.Il résiste aux tourbillons des légendes.L’histoire n’est pas l’alliée des vaincus.Elle est la concubine des puissants.» Oui, le monde ment et il n’est pas sérieux, nous dit Karim Akouche : «Il est ovale comme une pastèque pourrie.Telle une mouche, je vrombis autour.» A son tour, le lecteur est entraîné dans le tourbillon des mots.Il est rempli d’un singulier vertige...


Hocine Tamou, Le Soir d’Algérie, 17 juin 2017




lundi 8 août 2016

« Allah au pays des enfants perdus » un roman grave de Karim Akouche

Karim Akouche vient de publier « Allah aux pays des enfants perdus » aux Éditions Nord-Sud. Dans le communiqué annonçant la parution du livre, il est dit que c’est un « roman-réquisitoire montrant le vrai visage de l’Algérie qui, cinquante ans après l’indépendance, est gangrénée par l’islamisme et la corruption. » L’auteur « brise les tabous » et,        « comme dans une pièce de Shakespeare, il mêle la comédie à la tragédie, le rire au sérieux, le rêve au désespoir. Il dépeint les destins d’êtres attachants qui cherchent à quitter un pays absurde ».  C’est aussi, lit-on, « un roman libérateur qui rend justice à la jeunesse désemparée, oubliée par les politiques, les médias et le temps qui passe ».
N’ayant pas encore lu le livre, j’ai posé deux questions à Karim Akouche qui a bien voulu me répondre :

Pourquoi ce titre « Allah aux pays des enfants perdus » ? Cela ne risque-t-il pas de choquer ? Cela me fait penser à l’ouvrage de l’écrivain italien Carlo Lévi « Le Christ s'est arrêté à Eboli » un roman autobiographique qui parle de la misère des paysans dans un village d’Italie où il a été forcé à l’exile intérieur par les fascistes de son époque.

Le titre de ce roman est religieusement incorrect. Il est non-conforme aux canons et règles de l’Algérie officielle. Il est évocateur et provocateur à la fois. Le but recherché est de titiller non pas les âmes sensibles, mais les âmes noires, les obscurantistes. On pourrait faire toute une étude sociologique sur ce titre. En Algérie, on met le mot « Allah » à toutes les sauces. Si un Algérien veut corrompre son frère, les stratagèmes les plus affectionnés sont « Inch’Allah », « Allah ghalleb », « Mach’a Allah »,… De plus, nous nous définissons comme des « Hommes libres », alors que nous ne sommes que des « enfants perdus ». Bref, le titre « Allah au pays des enfants perdus » tranche avec le ton officiel, religieux et féodal qui règne en Algérie, que j'ai surnommée ironiquement dans le roman "l'Absurdistan"

N’ayant pas encore lu le livre, J’ai écouté en revanche ton interview sur Radio-Canada International le 25 septembre dernier. Maryse Jobin a soulevé la question de l’absence de femmes dans le roman. J’aimerais de mon côté parler de la couverture du livre et relever l’image d’une petite fille portant un seau d’eau et tenant la main à un garçon ou à une fille de son âge – rien n’est sûr, puisque l’image n’est pas complète - est-ce un choix de cadrage ? Est-ce que cette illustration correspond à un moment du roman ?

La toile « Enfants aux seaux », réalisée par le grand peintre Hocine Ziani, est une œuvre profondément shakespearienne, au sens où l’artiste a réussi, avec brio, à mêler la tragédie à l’espoir, l’innocence à la virilité, le feu à l’eau. Il y a une scène similaire dans mon roman où des jeunes courent, les seaux à bout de bras, pour éteindre des flammes. Il est des trouvailles analogues que font séparément les artistes qui ne s’expliquent pas. Est-ce parce que l’art est l’inconscient collectif mis en forme ou juste une émotion universelle qui jaillit des tripes des hommes sensibles ?

 Bonne continuation, Karim.

Informations :
Éditions Dialogue Nord-Sud
(438) 764-9315
dialoguenordsud@gmail.com
www.editionsnordsud.ca


* Article publié une première fois le jeudi 27 septembre 2012