mardi 4 juin 2019

Nassira Belloula remporte la première Bourse Charles-Gagnon

Nassira Belloula

L’écrivaine Nassira Belloula est la première lauréate de la bourse Charles-Gagnon. Cette bourse, dotée d’un montant de 3 000 $ offert par la Fondation Lire pour réussir, est remise une fois l’an à un écrivain ou une écrivaine du Québec pour un projet d’écriture en cours d’achèvement. Deux genres littéraires sont admissibles à ce concours annuel : l’essai ainsi que l’ouvrage à caractère historique (monographie, biographie, etc.).

En janvier 2019, la Fondation Lire pour réussir a reçu un don de 30 000 $ de la part de la Fondation Charles-Gagnon. Ce don avait pour objectif de mettre sur pied un concours littéraire annuel qui sera couronné par la remise de la bourse Charles-Gagnon. La Fondation Lire pour réussir a mandaté l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) pour organiser, en son nom, ce concours.

Le jury de la bourse Charles-Gagnon était formé de l’écrivain Michel Côté (président du jury), de l’auteur spécialisé en histoire Raymond Ouimet et du biographe Gaston Therrien. Après avoir évalué 26 dossiers de candidature, le jury a choisi, à l’unanimité, le projet d’essai sur le féminisme et l’islam de Nassira Belloula.

jeudi 24 janvier 2019

Salah Chekirou signe Les glas de la finitude à Constantine - L’histoire autrement vue, malgré la censure

Salah Chekirou
Photo El-Watan 

Après avoir eu un véritable succès, notamment à travers ses deux romans, Le grain de sable, traitant de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf, en 1992, et Tycoon et l’empire des sables, relatant l’affaire Khalifa, le journaliste-écrivain Salah Chekirou revient cette fois avec un nouveau roman d’histoire.


Invité samedi dernier (novembre 2018) pour une rencontre-signature à la librairie Média-Plus et pour la première fois à Constantine, Salah Chekirou nous parle de son nouvel ouvrage, Adjras El Fana (Les glas de la finitude), écrit en arabe et publié aux éditions El Qobia.

A travers cette saga en deux parties, qui s’étale de 1940 à 2022, l’ancien rédacteur en chef de la revue L’unité, en version arabe, tente de mettre à nu l’ostracisme dont a été victime la Wilaya II dans le récit historique officiel et même dans les travaux des historiens. «Lorsque j’étais au stade de la documentation et du recueil d’informations, je me suis rendu compte que la Wilaya II historique a toujours été négligée, que ce soit dans les études, dans les médias ou dans les romans.

Elle a toujours été mise à l’écart, et cela bien sûr c’était la conséquence de ce que pratiquaient les différents pouvoirs vis-à-vis de cette Wilaya», a-t-il expliqué dans un échange avec El Watan.

Cet après-midi littéraire chez Medias-Plus se déroulait dans une ambiance conviviale, comme de coutume, l’invité était entouré de ses proches, amis et fidèles lecteurs et n’hésitait pas à engager et nourrir de sympathiques et riches conversations avec le public. En mettant en exergue le rôle de la Wilaya II pour arracher l’indépendance, Chekirou n’a pas peur d’éclairer des facettes refoulées au détriment de la vérité quand, durant l’été 1962, cette région, et notamment Constantine, a été «priée» par la force de se mettre à l’ombre.

L’exil en 2006

En faisant des recherches approfondies, l’auteur affirme en outre avoir découvert un être exceptionnel, «bourré d’humanisme» et «d’humilité» en la personne de Zighout Youcef, commandant de la Wilaya II. Chekirou affirme avoir eu un coup de cœur pour ce guide révolutionnaire, ce qui a motivé, explique-t-il, son projet littéraire, épuré du discours historique, politique ou idéologique.

Interrogé par El Watan sur la censure de ses deux premiers romans, Tycoon et L’empire des sables et Le grain de sable, Salah Chekirou confie qu’aborder ce sujet est une manière de remuer le couteau dans la plaie. «Il y a un seul problème qui me chagrine encore un peu. Au moment où Tycoon et l’empire des sables a été ramassé des librairies et de chez des distributeurs et brûlé, aucun journal, aucun journaliste n’a soufflé mot.

Mis à part un journaliste d’El Watan, Adlene Meddi, que je cite d’ailleurs dans mon roman Arnaques à l’algérienne. C’était à l’occasion du 12e Sila, et c’était le seul qui avait signalé l’interdiction de L’empire des sables, traduit en arabe et ramené par un éditeur libanais. On a interdit le roman pendant que j’étais commissaire exécutif du Salon du livre !» a-t-il rappelé avec beaucoup de regret. Et d’avouer que c’était l’une des raisons l’ayant poussé à quitter le pays, c’était en 2006.

Un nouveau projet en chantier

Levant le voile sur ses projets, Salah affirme vouloir s’éloigner un peu du roman historique, qu'il considère comme «très fatigant». Il confie aux lecteurs d’El Watan qu'il est sur un nouveau projet et qu'il a largement avancé dans l’écriture de ce roman qui relate une rencontre entre un islamiste d’origine algérienne et un gay montréalais. «Je vous laisse imaginer le choc entre ces deux cultures, ces deux extrêmes. Ce roman est totalement différent de ce que j’avais l’habitude d’écrire. C’est un livre destiné aux Canadiens et à leurs références», a-t-il dit, en écartant d’ores et déjà sa publication en Algérie et en exprimant «sa rage» de constater «la décadence» qui frappe le pays où «on laisse de côté tout ce qui est scientifique au profit des zaouïas et du charlatanisme».

Yousra Salem,  El-Watan, 13 novembre 2018