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Photo Mediapart |
Algérie,
une douleur étymologique est inscrite dans ton génotype, ton nom en porte la
trace comme une fatalité. Devrais-je t’écrire toujours et encore pour me
rapprocher de toi, peut-être me faire pardonner de t’avoir un jour quittée ?
Wahiba
Khiari, Nos Silences
Voici
un livre qui remue avec sensibilité et rage sourde, le couteau dans la plaie de
la décennie noire en Algérie.
Les
histoires d’horreur de cette époque sortent peu à peu que ce soit à travers des
témoignages, des récits ou des romans comme ce premier ouvrage de Wahiba Khiari
Nos silences publié aux éditions elyzad, à Tunis, en 2009.
Wahiba
Khiari a quitté l’Algérie à la fin des années 1990, pour travailler à Tunis
avant de poser ses valises à Montréal. Mais elle revient sur les lieux de la
tragédie pour nous montrer le visage hideux de cette guerre sans nom qui
s’attaque surtout aux plus faibles et aux plus vulnérables, les femmes.
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Couverture |
Dans
une sorte de dialogue intérieur où deux personnes se parlent et se confient, la
première une rescapée ayant choisi de fuir le pays et la guerre, et la
deuxième, la victime, condamnée à vivre parmi tous les loups, tous les
bourreaux, ceux qui tuent et ceux qui se taisent. Toutes deux ont vécu
l’ignominie dans leurs cœurs et leurs esprits, mais la dernière dans sa chair aussi.
Les deux protagonistes et narratrices nous
renvoient dans les années de la violence et de la barbarie pour nous « rendre
le rouge du sang » et « le noir de la nuit », évoquant le destin tragique de
toutes ces filles, femmes avant l’heure, celles qui ont survécu au cauchemar et
celles qui ont trépassées dans un tintamarre de silence des hommes.
Nos Silences est un roman écrit
avec poésie, empreint de douceur et d’amertume, sobre mais efficace, il nous
replonge au cœur de la disgrâce de l’humanité.
C’est un très bon témoignage sur
la tragédie des femmes dans cette terrible guerre civile; un témoignage qui
dénonce toutes les complicités et les compromissions de l'HOMME.
À
lire et à faire lire.
S. EKB